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 Phoenix 2055-DF-78H6 / Leela Laughton, mort et vie.

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Leela Laughton

Leela Laughton


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MessageSujet: Phoenix 2055-DF-78H6 / Leela Laughton, mort et vie.   Phoenix 2055-DF-78H6   /   Leela Laughton, mort et vie. I_icon_minitimeJeu 4 Fév - 11:21

(HRP : Pour ceux qui aiment les ambiances sonores pour les textes
RP, voici celle que je recommande pour cette lecture :
Mondkopf - La dame en bleu

je n'ai pas réussi à faire marcher le lien direct, sur deezer. je vous
ai donc mis l'adresse de la recherche dans deezer, il faut juste lancer
le morceau dans la liste blanche en cliquant sur le petit signe lecture
à gauche du titre. PS : vérifiez bien que le lecteur lit la bonne piste
car parfois deezer lance pas ce qu'on veut :

http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/mondkopf%20la%20dame%20en%20bleu )





21 Mai 2055. 10h32. Los Angeles.

Cette vie n’était déjà plus une vie. Cela faisait déjà plus de deux
heures que Leela faisait la queue dans cette rue balayée par ce vent
poussiéreux insupportable. Et il y avait encore des dizaines de
personnes devant elle.

Depuis le début de l’épidémie, les gouvernements et les populations s’étaient comportés comme des rats quittant un navire.
Les politiques protectionnistes avaient menées les états à des tensions extrêmes.
Frontières fermées, armées omniprésentes, service militaire à durée
indéterminée et rétroactif obligatoire, rationnement des vivres,
réquisition et contrôle des supermarchés, exploitations agricoles et
industrielles par l’armée, couvre-feu.

Les gens étaient méfiants et hostiles. Tous portaient masques et toutes
sortes de gris-gris supposés les protéger de cette maladie qui
terrifiait tout le monde et qui continuait à tuer sans distinction.
L’économie était anesthésiée, toutes les activités autres que celles proprement vitales avaient été stoppées.
En effet, l’année précédente, après 3 mois d’épidémie avait suivie une
crise économique sans précédent, les faillites avaient été innombrables
y compris parmi les banques les plus importantes du globe.

Le gouvernement américain avait pris le relai à sa manière à la
dépréciation invraisemblable du dollar et de toutes les monnaies du
monde.
On avait assisté à des scènes comme on en n’avait plus vues depuis 1929 :
Les banques avaient été prises d’assaut par les clients voulant retirer leur argent avant la faillite de leur banque.
Les plus malins, comprenant que demain, ces bouts de papier verts
n’auraient plus aucune valeur achetaient de l’or dont le cour montait
en flèche, du riz, de l’eau et toute autre sorte de bien non périssable
qui pourrait se transformer en une monnaie d’échange.
Bientôt après les faillites des grands circuits de distribution, les
marchants ambulants de légumes, fruits et autres denrées qui avaient
fait apparition partout avaient commencé à refuser la monnaie.
Monnaie que l’inflation cauchemardesque avait dépréciée au point de
vous faire amener une brouette de billets pour acheter un kilo de pomme
de terre.

Les premiers pillages avaient eu lieu 5 ou 6 mois après de début de l’épidémie.
C’est alors, que sans prévenir, l’armée américaine ayant rapatrié
l’intégralité de ses troupes sur son territoire, s’était mise en place
partout.
L’état prenait le relai de cette économie mourante avec force et autorité.
Les biens seraient rationnés et distribués exclusivement par l’armée et constitueraient les salaires.

Début 2055, l’intégralité de l’essence avait été réservée à l’armée.
Aucun particulier n’avait plus le droit d’utiliser une voiture. Dès
lors, les seuls véhicules que l’on voyait dans toutes les villes
étaient les chars et les blindés de l’armée.
Les vélos avaient bientôt envahit ces rues déjà pleines de détritus et
de billets de banque que le vent avait arraché aux poubelles éventrées
et faisait tournoyer comme des feuilles morte dans une ironie amère.

Cela avait donc rendu les déplacements très difficiles.
Leela à ce moment là, était à Los Angeles.
Le journal et le groupe de presse qui l’employait avait fait faillite 4
mois après le début de l’épidémie. Et à ce moment là il lui devait 6
mois de salaire.
Mais en ce printemps 2055, les contrôleurs judiciaires de l’entreprise
en faillite avaient enfin accepté de compenser cette paye par des bons
de rationnement. A la condition qu’elle fasse le déplacement depuis San
Francisco à ses frais.
Elle était donc venue.

Par malchance, le gel par l’armée des déplacements motorisés était survenu à ce moment là.

Cela avait donc amenée Leela, au matin de ce 21 Mai 2055 devant un des
bureaux du contrôle des déplacements de Los Angeles, à faire la queue
avec des centaines d’autres personnes dans l’espoir d’expliquer son
cas, et de bénéficier d’une autorisation pour retourner à San Francisco
retrouver son mari.

Depuis presque 6 mois, toutes les radios et télévisions avaient cessé d’émettre, tous les journaux avaient fait faillite.
A ceux qui désiraient s’informer de la situation de ces USA mis à mal
et du reste du monde, il ne restait plus que la radio contrôlée par
l’armée. Et elle servait bien plus à diffuser des messages et des
consignes qu’à informer.
Les populations avaient donc été rendues aveugles à la dégradation des
relations internationales et aux différents conflits armés qui
opposaient déjà des pays dans tous les coins du monde.

Ce fut donc une surprise effrayée et une incompréhension totale pour
tous ces gens dans la queue, y compris pour Leela quand un flash
immense, insoutenable et aveuglant les submergea tous et les fit
basculer presque instantanément dans le néant indescriptible de la mort.





Nous étions le 21 Mai 2055, il était 10h37 du matin au Pacific Standard
Time et une tête nucléaire à hydrogène venait de relâcher les feux de
l’apocalypse sur Los Angeles.
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Three Dogs

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MessageSujet: Re: Phoenix 2055-DF-78H6 / Leela Laughton, mort et vie.   Phoenix 2055-DF-78H6   /   Leela Laughton, mort et vie. I_icon_minitimeJeu 4 Fév - 12:05

Bravo ma grande, très joliment évoqués ces tristes souvenirs.

A vraie dire, tu me fais soudain percuter qu'on a tous un point commun dans la zone et ailleurs dans les Wastelands... on a tous vécu cet événement à notre manière... peux être que ton excellent récit pourrait ouvrir une série de témoignages sur ces dernières heures...
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Leela Laughton

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MessageSujet: Re: Phoenix 2055-DF-78H6 / Leela Laughton, mort et vie.   Phoenix 2055-DF-78H6   /   Leela Laughton, mort et vie. I_icon_minitimeSam 6 Fév - 12:19

4 Avril 2152, 12h37. Complexe souterrain de LifeNet, environs de North Burb, Arizona.

Le clone technicien responsable de la maintenance de la station de North Burb, dans sa routine quotidienne, ne remarqua pas avant d’aller déjeuner les messages d’avertissement sur l’écran de contrôle principal.
Les lightbearer en faction à North Burb avaient pourtant insisté maintes fois pour qu'il se fasse relayer par un des leur quand il s'absentait.
Mais il n'avait jamais vu l'intérêt : les clones sont bien assez débrouillards pour se démerder tout seul.
Et puis, si ça n'avait tenu qu'à lui, il ne serait pas dans cette ville sous contrôle de ces emmerdeurs biens pensants.


Alors qu'il sortait du complexe, dans la salle vide, sur cet écran muet les lignes se succédaient :

Attention.
Procédure de résurrection programmée Phoenix.
Sujet : 2055-DF-78H6.
Sexe : féminin
Age : 32 ans
Date du décès : 21 Mai 2055
------------
Procédure lancée.
Chargement des données biométriques.
Reconstruction des données neuro-mémorielles
Contrôle des séquences ADN.
………………
Altérations Alpha et Gamma confirmées.

Lancement de la phase de matérialisation.



Ce fut donc dans une salle vide que Leela fit l’expérience de cette deuxième naissance.
Elle avait été vaporisée par la puissance dévastatrice d’une bombe thermonucléaire chinoise de 85 mégatonnes au dessus de Los Angeles. Et 97 ans après, la voici apparaissant dans un flash au sein d’un caisson de LifeNet.

Aussitôt la résurrection terminée, le caisson vertical s’ouvrit. Elle tomba assise à l’intérieur, ses jambes ne la tenant pas.
La soudaineté de la résurrection et l’apparente proximité du flash de la bombe la fit hurler.
Pour elle, cet éclair aveuglant était l’instant d’avant.

Tremblante, emprise à une incompréhension profonde et à une peur incontrôlable,
elle parcourait du regard ce qui était visible depuis sont caisson ouvert :
Cette salle toute métallique, ces murs en acier brillants, ces consoles informatiques aux écrans semblant travailler seuls.
Les sons sourds d’énormes systèmes de ventilation et de production d’énergie étaient encore insupportables à ses oreilles neuves.

Toujours assise dans le caisson, et mue par une irrésistible vague de désespoir et d’incompréhension, elle mit sa tête entre ses genoux, pressant ses mains sur ses oreilles et fermant les yeux aussi fort qu’elle put dans l’espoir insensé de faire disparaître toute cette folie.
Constatant son échec à faire se terminer ce cauchemar, elle tenta de couvrir les hurlements des machines par son propre hurlement.
Et soudain, elle sentit la présence de ce collier autour de son cou, elle le tâta avec angoisse, chercha du regard dans le caisson une vitre où elle pourrait voir le reflet de cet ustensile intrusif. Elle l’agrippa, et, paniquant tenta de le retirer, de l’arracher, tirant de ses deux mains sur ce qu’elle pouvait attraper de ce bout de métal inconnu. Avec le mouvement, elle sentit qu’une partie de ce collier était enfoncé dans son cou au niveau de ses cervicales. A cette sensation ses mains palpèrent l’endroit du collier à l’arrière de son cou, terrifiée à l’idée que cette chose ait des ramifications à l’intérieur d’elle.
Et d’un coup, l’odeur de nylon neuf de ses vêtements LifeNet lui provoqua un haut le cœur insupportable.
En sentant venir, elle se propulsa hors de son caisson à quatre pattes et vomit dans un râle.


A cet instant, le caisson d’à côté émis un sifflement et une lumière glauque. La porte s’ouvrit sur ce qui l’instant d’avant était un espace vide.
Un homme blanc et d’une quarantaine d’année en sortit en jurant vulgairement et en titubant encore sur l’effet de la résurrection.
Après avoir repris ses esprits, il remarqua Leela toujours par terre, qui rassemblait ses forces pour s’éloigner de cet inconnu.

- Oh bah ça alors. Tu sors d’où toi avec tes fringues de LifeNet ? dit-il avec une voix forte en regardant la salle vide autour d'eux.

Il était habillé d’une sorte d’ensemble en cuir armé avec des épaulettes en griffes de gros reptile. Sur son visage buriné trônait un nez énorme et déformé par des cicatrices. Il avait un cou large comme un tronc et le corps massif et légèrement engraissé d’un joueur de rugby à la retraite.
Leela remarqua le collier en métal qu’il portait et qui semblait identique au sien.

A mesure qu’il s’approchait, Leela essayait de se remettre debout tout en se tenant à distance.

- Tu veux déjà t’en aller ? On se connaît à peine ! dit-il avec un sourire malsain.

Toujours ayant l’insoutenable et persistante impression de vivre un cauchemar, Leela cria de toutes ses forces en fermant les yeux, toujours dans cet espoir vain de faire réapparaitre Los Angeles autour d’elle :

- Laissez moi tranquille, foutez le camp !

Quand elle rouvrit les yeux, ce fut pour le voir, au dessus d’elle qui lui agrippait les deux bras sous les épaules.
Il la mit debout d’un geste et, sans la lâcher lui dit avec un sourire grotesque :

- tu t’appelle comment ma jolie ? tu viens d’où ? en tous cas t’en as de la chance d’être tombée sur tonton Murray !

Elle se débattit avec autant de vigueur que ses forces encore diminuées le lui permettaient.
Et amorça un cri que l’homme transforma en un souffle rauque en lui serrant le cou d’une main de fer.
Son autre main avait déjà remonté sa veste en nylon et malaxait son sein droit comme un fruit mûr dans le rayon d’un supermarché.

- Ouh… c’est mon jour de chance on dirait.
Lui souffla-t-il au visage, déjà dans cet état de transe sale du male en rut.

Leela, les yeux écarquillés de terreur, tentant toujours de hurler toute sa détresse, ne pouvait plus respirer depuis quelques instants déjà.

Sous la main de cette brute épaisse, elle fit l’expérience de la mort pour la deuxième fois de son existence.
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MessageSujet: Re: Phoenix 2055-DF-78H6 / Leela Laughton, mort et vie.   Phoenix 2055-DF-78H6   /   Leela Laughton, mort et vie. I_icon_minitimeMar 9 Fév - 22:12

Marco 451, le technicien LifeNet responsable de la station de North Burb était un feignant. Il s’en cachait très habilement en interdisant l’accès aux infrastructures sous sa surveillance aux Lightbearer présents dans la ville.
Il prétendait n’avoir aucun besoin d’aide et de pouvoir très bien remplir sa mission seul, sans avoir besoin des leçons de ces pète-sec, les chassant de sa station à chaque fois que l’occasion s’en présentait en leur expliquant qu’ils gênaient plus qu’autre chose avec leur bonne volonté.
En réalité, il était bien content d’être seul dans son souterrain s’adonnant aux joies mielleuses et épaisses de l’oisiveté. C’était une vraie planque. Être nourrit, logé, blanchit dans les wastelands…
c’était un luxe que bien peu goutaient encore.
Les clones avaient au final bien plus l’habitude que lui de sortir de ces boites de conserve qui les réanimaient. Et la plupart ne le regardaient même pas en sortant de leur pod.
C’est donc avec une certaine inconsistance qu’il remplissait son rôle de maintenance et d’accueil des clones.

Il faut garder en tête ce tempérament de profiteur avec son train-train douillet et bien au chaud pour saisir l’ampleur du malaise qui l’assaillit quand il revint ce jour là de sa trop longue pause déjeuner au bar de jeu du coin. Son monde allait être déstabilisé et sa fainéantise bousculée.


En descendant l’escalier, il vit immédiatement les deux jambes d’un corps gisant, grossièrement caché ou plutôt jeté derrière un tas d’écran et d’ordinateurs hors-service.
Tremblant et secoué dans sa routine paresseuse la première pensée qui lui vint fut de trouver une solution pour cacher ce corps au plus vite, sans quoi, les bons samaritains viendraient mettre le nez dans ses affaires.
Il s’approcha avec dédain, et inspecta le corps avec ce dégout agacé que l’on a quand on regarde le dessous de sa chaussure après avoir écrasé un cafard.
Il s’agissait d’une femme, la trentaine avec son collier de clone. Ses vêtements LifeNet étaient en charpie et il était clair qu’elle avait du passer un sale quart d’heure.
Il devait avant tout passer en revue la salle et les machines pour s’assurer que rien n’avait été endommagé ou vandalisé et voir sur les journaux si il était fait mention de quelconques anomalies.

En se dirigeant vers l’écran principal, il vit rapidement qu’un événement anormal s’était produit lors de son absence. Un avertissement concernant une des résurrections planifiées d’un programme appelé Phoenix devait avoir eu lieu lors de son absence.
Et en voyant la date de mort du sujet, il maudit ce système LifeNet qui ne prévenait jamais à l’avance de rien et qui semblait mener sa propre vie sans se préoccuper du personnel sur place.

- "2055 ! Mais qu’est-ce qu’ils m’emmerdent moi avec ce sujet à la con là ? J’ai pas que ça à foutre de faire les nounous pour Lazares poussiéreux !" Ragea-t-il à haute voie avec le ton de la feignasse qu’on brutalise.

C’est en finissant cette phrase pleine d’amertume, se retournant las et découragé par l’idée qu’il allait devoir travailler pour régler tout ça qu’il aperçu Leela, bien vivante cette fois, assise dans un caisson de résurrection, tremblante et recroquevillée, le fixant avec une angoisse manifeste.
Il reconnut immédiatement en elle la propriétaire de la dépouille qu’il avait vu en entrant et qui lui causait tant de soucis.

- "Ah merde alors !" S’exclama-t-il, exaspéré. "Mais c’est qu’elle s’est pas tirée en plus !"

A ce moment, plusieurs foulées se firent entendre dans les escaliers. Et trois lightbearer firent irruption dans la pièce avec cet air de reproche muet qui irritait tant Marco.
Tandis qu’un des trois examinait à son tour le corps, le supérieur s’adressa à notre technicien en le fixant durement du regard :

- "C’est comme ça que vous accueillez vos clones ? Un jeune homme cloné ici il y a peu est venu me trouver en me disant qu’il avait vu un corps dans la salle de résurrection et que personne ne semblait être présent depuis un moment. Qu’est-ce que tout cela signifie ?"

Marco, interdit, laissa peser le silence, incapable d'aucune réponse. Son petit confort était ébranlé et tout ce qu'il ressentait était une amertume froide et profondément égoïste. Au bout de quelques instants de ce silence lourd de sens, le troisième lightbearer faisant son tour dans la salle trouva Leela terrée dans son caisson.

- "Frère Louwelyn ! Il y a une jeune femme ici !" dit-il en se retournant vers son supérieur. "Et... on dirait que... que c'est la même que..." Il fil un geste malhabile vers son collègue en train d'examiner le cadavre.

Le frère Louwelyn fit face à Leela et s’approcha. Il la considéra rapidement. Leela les regardait tous les deux, incrédule et muette, sous le choc de sa deuxième résurrection et de son agression.

- "Comment vous appelez-vous ?" demanda le supérieur.

Après un silence, le troisième lightbearer qui examinait le corps arriva alors et fit part de ses conclusions avec une mine grave :

- "je crois que nous devrions l’emmener dans notre centre. Elle va avoir besoin d’aide pour se remettre de ce qui lui est arrivé." Dit-il à voix basse.
- "Oui, très bien, occupez vous d’elle." Dit le supérieur sans hésitation.

Tandis que les deux autres essayaient de faire réagir Leela avec des questions et des stimulis divers, le supérieur se retourna vers Marco qui était resté pathétiquement immobile et muet depuis leur arrivée, tel un gosse pris en flagrant délit.

Le frère supérieur s’adressa à lui en ces mots, avec une fermeté péremptoire :


- "Vous me ferez un rapport complet sur cet incident. Je veux aussi savoir qui est cette fille, d’où elle vient et tout ce que vous pourrez trouver sur elle. Je veux ce rapport avant ce soir, vous savez où me trouver."

A peine fini, il se retourna et commença à s’éloigner.
Marco, hébété amorça une protestation :

- "Je n’ai pas d’ordres à recevoir de vous !" commença-t-il."Et d’ailleurs, …"
- "ASSEZ !" Fit Louwelyn en se retournant brusquement, il poursuivit en haussant la voix et en se rapprochant doucement de Marco à mesure qu'il parlait pour donner de l'aplomb à ses paroles. "Des ordres, vous en avez à recevoir de moi à partir d’aujourd’hui. Cette station a suffisamment souffert de votre inconséquence. Je vais faire poster deux frères en permanence ici auprès de vous. Et cela a effet à compter de maintenant ! Et je vous vois venir espèce de petit tire-au-flanc : ne pensez même pas à vous enfuir du merdier que vous avez créé car je vous garantis que nous vous retrouverions rapidement pour vous remettre à votre poste de gré ou de force !" il laissa un silence en le regardant droit dans les yeux. il était à présent très près de Marco qui avait pourtant reculé bêtement jusqu'à être adossé à son bureau. "Me suis-je bien fait comprendre ?" martela-t-il enfin.
- "Euh... euh... d'accord, d'accord." laissa enfin filer Marco, déconfit, ridicule.




Le frère Louwelyn se retira, suivant ses subordonnés qui avait enfin réussi à obtenir de Leela qu'elle les suive.

Ils eurent la présence d'esprit et la délicatesse de prendre l'autre escalier, pour éviter d'imposer à la convalescente la vue de son propre cadavre.
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MessageSujet: Re: Phoenix 2055-DF-78H6 / Leela Laughton, mort et vie.   Phoenix 2055-DF-78H6   /   Leela Laughton, mort et vie. I_icon_minitimeMer 10 Fév - 19:53

Leela était restée deux semaines sans parler après sa résurrection.
Les premiers jours, elle était restée prostrée et n'avait eu pour unique activité que de manger ce qu'on lui apportait.
Après trois jours, elle avait commencé à faire les petits travaux qu'on lui demandait de faire.
Le centre de soin des Lightbearer à North Burb fonctionnait de cette manière : les plus durement malades ou dépendants étaient pris en charge, et à mesure de leur rétablissement, il leur était demandé d'effectuer des petites taches d'aide général. Elle avait commencé par distribuer le courrier, on lui avait ensuite confié le dressement du couvert et la desserte d'une table dans le réfectoire et enfin, le travail dans les champs, non loin du centre.

Le soir de l'incident, Marco avait docilement fait son rapport au frère Louwelyn. Et ce dernier, en prenant connaissance des informations concernant Leela, avait veillé à ce qu'on prenne particulièrement soin d'elle.

Elle recommença à parler poussée par sa persistante incompréhension du monde qui l'entourait :
Brusquement, sans prévenir, au bout de ces deux semaines d'aphasie, elle avait demandé d'une traite au frère responsable du champs où elle travaillait :

- "Quelle est la date d'aujourd'hui ?"
- "Nous sommes le 20 avril." avait répondu le lightbearer tachant de cacher sa surprise.
- "Mais... de quelle année ?" Leela le fixait avec obstination, sa voix était neutre, elle parlait calmement.
- "Eh bien..." Il laissa un silence d'hésitation. "2152" dit-il enfin, avec autant de précaution qu'il put.

Leela avait encaissé l'information sans ciller et, sans un mot, était allée se remettre au travail dans son rang.

Suivant les instructions qui lui avaient été données, le lightbearer avait informé le frère Louwelyn du retour à la parole de Leela et de ces premiers mots. Celui-ci était allé la voir le lendemain, après le repas de midi.

- "On m'a dit que vous étiez remise au point de recommencer à parler ?" avait-il commencé.
- "Il faut croire, oui." répondit Leela avec un ton résigné, sans vraiment s'arrêter pour donner suite à la conversation.
Louwelyn l'avait regardée le dépasser, immobile et avait lancé avant qu'elle ne soit trop loin :
- "Je pense que vous devez avoir beaucoup de questions. sachez que je suis à votre disposition si vous vous décidez à les affronter enfin. Demandez frère Louwelyn."
Elle s'était arrêtée, et avait acquiescé sans se retourner avant de reprendre la direction du champs où elle était affectée.

Quelques jours plus tard, elle demandait un entretien avec lui.

Ils avaient longuement parlés : de ce qui était arrivé à Los Angeles ce jour de mai 2055, des évènements qui avaient suivis, de la situation de la région du Grand Canyon, du fait que l'on était encore sans nouvelles du reste du monde.
Mais malgré tous les efforts du frère pour combler les lacunes de Leela et pour répondre à l'avalanche de questions, plusieurs d'entre elles sont restées sans réponse :
Pourquoi l'avait-on ressuscitée ? comment ?
Qu'est-ce qu'était ce programme Phoenix auquel elle semblait être liée ?
Y avait-il un moyen de savoir si d'autres personnes avaient été ressuscitées par ce programme ?

Ces questions n'allaient pas cesser de hanter Leela.




Assez vite après cet entretien, et malgré le malaise et le vide persistant qui l'habitaient depuis son retour aux vivants, Leela ne tarda pas à sortir du centre de soins.
Elle resta presque deux années à North Burb, fréquentant les lightbearer et notamment Louwelyn et recevant une formation à plusieurs disciplines vitales : équitation, arts martiaux et utilisation d'armes à feu.
Leela n'était pas dupe : Elle savait bien que ces formations qui lui étaient proposées si généreusement l'étaient aussi d'une part dans l'espoir de la voir servir la cause Lightbearer et d'autre part l'avaient été sous l'influence de Louwelyn qui tenait à la voir rester à North Burb.
Elle se prêta au jeu le temps que dura ce long apprentissage.
Il faut bien dire qu'elle se sentait assez proche de la ligne enseignée par ce groupe. La médecine et la méditation ne feraient pas de mal à cette humanité viciée et corrompue.
Mais elle ne se sentait pas prête à s'engager, ni auprès d'une faction, ni auprès d'un homme.
Il restait trop de questions, trop d'incertitudes, ce vide en elle était trop présent... Elle pensait que voyager et voir ce nouveau monde l'aiderait à y rentrer pleinement. Car même après deux ans, elle s'y sentais encore comme dans un rêve ne lui appartenant pas. Les routes l'appelaient, il fallait qu'elle s'en aille.

C'est ainsi qu'un jour, elle accepta un travail chez les Franklin Riders qui avaient besoin d'un coursier basé à Embry Crossroads. Cela marqua son départ de North Burb, c'était le 24 février 2154.
Elle fit ses adieux aux lightbearer qui l'avait aidée et recueillie. Le frère Louwelyn semblait très affecté par son départ même si il le cacha du mieux qu'il put.
Elle lui fit des adieux sobres et distants, sans même descendre de son cheval.

Elle chevaucha vers Embry, vers son nouveau travail et vers tout ce monde qu'elle découvrait, laissant derrière elle sans se retourner cet homme déjà profondément amoureux d'elle.
Pourtant, il n'avait pas soupçonné jusqu'à ce jour l'ampleur de la distance et de la froideur de cette femme qui, malgré ses espoirs et le temps qu'il avait passé avec elle, lui était restée une inconnue.
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Three Dogs

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MessageSujet: Re: Phoenix 2055-DF-78H6 / Leela Laughton, mort et vie.   Phoenix 2055-DF-78H6   /   Leela Laughton, mort et vie. I_icon_minitimeMer 10 Fév - 23:22

éhé on arrive bientôt à notre rencontre torride bébé ! Phoenix 2055-DF-78H6   /   Leela Laughton, mort et vie. Icon_tongue
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MessageSujet: Re: Phoenix 2055-DF-78H6 / Leela Laughton, mort et vie.   Phoenix 2055-DF-78H6   /   Leela Laughton, mort et vie. I_icon_minitimeJeu 11 Fév - 20:11

Cela faisait maintenant deux ans que Leela travaillait pour les Riders.
Elle avait parcouru le plateau de long en large. et avait également fait de grandes incursions dans les Northfields.
Elle avait délivré un nombre incalculable de lettres et de colis en tous genres. Elle avait du faire face à toute sorte de danger. Elle avait du tuer aussi pour se défendre ou pour échapper à quelques embuscades.
Il y avait eu cette rencontre avec le cercle francophone. Cette attaque avec deux d'entre eux de l'Hôtel Nevada. Et aussi sa chute : sa jambe cassée, son cheval tombé dans un ravin qu'elle avait du achever, son appel radio sur la fréquence de la Zone et sa nouvelle rencontre avec Three Dogs, qui était venu lui porter secours.
Méfiante au début, car elle l'était toujours, comment ne pas l'être quand on voyait ce que devenait l'humanité ? Elle s'était assez vite rendu compte que ce personnage haut en couleur était animé par une profonde bonté.

Aujourd'hui elle était à Oilville pour une livraison importante destinée au garage de la ville.
Elle avait délivré le colis à un des mécanos sale comme un pou et s'était empressée de quitter ce garage puant. Elle était à présent sur une petite colline à côté de la cité. Le soleil se couchait, elle allait passer la nuit dans cette ville qui ne dormait jamais.
Une ville... c'est un bien grand mot... une enclave empestant l'huile et l'essence, remuée nuit et jour par les bruits des perceuses, scie sauteuses et autres engins fabriquant armes, carlingue de véhicules, armures. Une fourmilière éclairée toute la nuit par ces spots délivrant une lumière bleutée froide.
Il lui avait fallu prendre l'habitude de dormir avec tout ce bruit, car elle y avait séjourné souvent :
Oilville est une véritable plaque tournante autant pour les Franklin Riders que pour toutes les marchandises imaginables qui transitent sur le Plateau.

Du haut de son point de vue, Elle voyait les gardes faire leur ronde sur les remparts de la ville, les voyageurs à la porte entrant et sortant avec toutes sortes de véhicules.
Le vent amenait irrégulièrement les sons des marteaux et des outils. Mais elle n'y prêtait guère d'attention. Elle était tournée vers elle-même, sondant encore une fois le gouffre qu'elle avait en elle.
Depuis qu'elle était partie de North Burb et après tous ces kilomètres parcourus, après toute cette route, toutes ces villes traversées, tous ces visages, le vide à l'intérieur d'elle était encore intact. Comme au premier jour.
Elle était toujours autant troublée par son image, toujours autant paralysée à l'idée que plus rien ne la ferait sortir de ce monde crasseux dans lequel elle vivait à présent.
Elle se réveillait encore la nuit avec l'impression d'être observée, elle avait encore ces frissons incontrôlables qui lui faisait faire volte-face la main sur son arme pensant être suivie ou attaquée.
Ce poids qu'elle avait sur ses épaules ne s'était pas allégé d'une plume.

Il était là,
tenace,
en permanence,
avec elle.

Cette impression floue et troublante de vivre la vie d'une autre, que rien n'était plus à sa place. Une sensation de vertige en toile de fond de tout.
Elle continuait de le ressentir chaque seconde de chaque minute.

Depuis quelques temps cependant, des idées lui étaient venues pour essayer de faire changer ça.
Changer de métier, plaquer les Riders, retourner à North Burb, demander un changement d'affectation, s'engager à Haven chez les Lightbearer...
Retourner voir Louwelyn.

Il ne lui avait pas manqué. et en deux ans elle avait même, sans vraiment se l'avouer, soigneusement évité toutes les missions qui auraient pu l'amener à North Burb.
Mais elle devait bien s'avouer qu'elle pensait à lui. De temps en temps. C'était la seule personne qui connaissait son histoire en détail. Et le fait qu'il lui ait donné les moyens d'avoir l'indépendance qu'elle avait aujourd'hui, ça ne la laissait pas indifférente.
Elle lui devait ça.

Aussi, une autre idée, noire et entêtante ne cessait de revenir à la surface de ses pensées, comme les bulles d'air d'une créature nageant dans les profondeurs de son âme.
Les souvenirs de son agression, quatre ans auparavant lui revenait encore de temps à autre avec force. Et elle n'avait jamais oublié le visage immonde de ce porc qui l'avait violée.

Avec l'aide d'une connaissance travaillant dans une station LifeNet vers Pass Criss et avec pour base ce qu'elle savait : son nom, et la date et l'heure approximative d'une de ses résurrection.
Elle avait pu retrouver son identité complète et à l'occasion d'un déplacement à Boneclaw pour les Riders, elle s'était renseignée à son sujet.
Il s'appelait Terrence "PJ" Murray et il faisait partie d'un groupe de travelers basé dans les environs de Boneclaw.

Elle avait déjà eu plusieurs fois l'idée de le retrouver et de lui faire subir toutes sortes de tortures et de morts douloureuses. Mais ça n'était resté que des songes tentant d'apaiser sa blessure.
Mais ce soir là, au sommet de son perchoir à Oilville, alors qu'elle envisageait son avenir et qu'elle constatait amèrement le fait que rien de ce qu'elle avait fait en deux ans n'avait apaisé son mal-être,
l'idée lui était revenue plus vigoureuse et plus présente que jamais.

A présent elle savait.
un déclic s'était fait en elle.
une pulsion du même ordre que celle qui lui avait fait massacrer le gang et les violeurs de l'hôtel Nevada quelques semaines auparavant venait de s'allumer en elle telle une flamme.

Une flamme noire, immobile, imperturbable et qui n'allait s'éteindre qu'avec le dernier soupir de Terrence "PJ" Murray.
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Leela Laughton

Leela Laughton


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MessageSujet: Re: Phoenix 2055-DF-78H6 / Leela Laughton, mort et vie.   Phoenix 2055-DF-78H6   /   Leela Laughton, mort et vie. I_icon_minitimeVen 12 Fév - 21:55

Les habitants de Oilville n'avaient prêté aucune attention à cet automate revenant à cheval d'une colline jouxtant la ville.
Le soleil était couché depuis peu, et chacun vaquait à son occupation.

La fourmilière était en marche, égale à elle-même, bruyante et tumultueuse. Des dizaines de personnes se croisaient sans cesse dans tous les sens avec tous les véhicules imaginables.

Au milieu de ce tohubohu, cette femme au regard absent avançait comme une somnambule.
Elle demanda à la station service qu'on lui sorte la moto sur laquelle elle était arrivée plus tôt dans la journée.

- "Eh bien ma belle ?" fit le garagiste, enjoué, en sortant l'engin soigneusement rangé. "Je croyais que vous deviez rester un peu, vous aviez payé d'avance le gardiennage jusqu'à après-demain. Et on ne rembourse pas vous savez ça ?"

Devant le visage impassible de Leela qui ne le regardait pas, occupée à attacher un fusil d'assaut dans son dos, et après un long silence, le garagiste haussa les épaules.

- "Enfin... c'est vous qui voyez hein ?" toujours aussi enjoué.

Elle leva les yeux vers lui, agacée.

- "Ok ! ok !" fit-il enfin.

Il lui donna les clef de l'engin.
Elle les pris, et chevaucha la moto. Elle démarra dans un nuage de fumée bleuté qui pris des airs de spectre au fur et à mesure qu'il s'élevait et se dissipait sous les néons du garage.

Sans dire un mot, elle s'engagea vers la porte ouest de la ville.


Terrence Murray n'était qu'un sous-fifre qui prêtait ses services à une bande de travelers basés sur la plaine au sud de Boneclaw.
Son physique imposant et son immoralité faisait de lui une carte de choix à jouer quand on ne cherchait plus les nuances de la négociation.
Ainsi, en bons opportunistes, les travelers le gardaient à portée de main, tachant de ne pas donner ni trop ni trop peu de travail à cet imbécile incontrôlable.

Durant quelques jours, Leela l'avait observé. allant et venant, passant le plus clair de son temps dans le bar de Boneclaw.
Elle était dans un état où le fait de revoir cet homme lui avait été indifférent. Elle était là pour une seule chose, et rien n'allait perturber son obsession. Elle avait méthodiquement suivi son quotidien pendant deux jours.
Elle avait établi que le soir, quand il rentrait du bar de jeu vers le campement plus au sud serait un bon moment.

C'est ainsi que par cette nuit assez claire, éclairée par une lune en quart à peine voilée par quelques fins nuages, elle s'était postée à côté d'une grosse pierre sur le chemin habituel de Murray entre Boneclaw et le campement.
Elle avait veillé à s'installer de nuit et à dissimuler sa moto sous des broussailles plus à l'est dans un terrain qui serait propice à la fuite en direction d'Embry ou d'Oilville.

L'attente.

Tapie derrière son rocher, elle était silencieuse. après quelques instants à rester immobile, les sens deviennent sensibles à toutes sortes de détails qui restent invisibles dans d'autres circonstances.
Elle entendait sa respiration, les légers grincements de son gilet pare-balle sous l'effet des mouvements de sa cage thoracique, l'herbe et les graviers bruissants imperceptiblement sous ses bottes qu'elle gardait pourtant le plus immobiles possible.
Le vent léger, faisant rouler avec douceur poussière et sable sur la surface du rocher à côté d'elle, ce sable tombait par intermittence en minuscules cascades et ruisselait le long du bord du rocher dans un petit crissement discret.
Quelques animaux se faisaient également entendre, invisibles à ses yeux. Le frottement de l'air sur les ailes de chauve-souris, le son aigu et sournois de quelques moustiques lui titillant les oreilles, les bonds anxieux et saccadés d'un lapin ou rongeur.

Toute cette activité comblait l'attente d'une matière palpable qui donnait aux secondes des allures de minutes.

D'autres sens que l'ouïe révélaient également cette petite magie de l'attente, telle les grains de sable passant dans le col d'un sablier.

Le toucher était l'autre sens terriblement présent.
la sensation sous ses doigts du métal froid de son arme, les plantes sèches lui rentrant dans les genoux posés à terre, ses cheveux légèrement humides de sueur collés à son front, sa chemise sale lui grattant le dos.

Mais ces minutes allongées comme des heures allaient prendre fin.
La langueur interminable de l'attente se brisa au sons lointains de deux chevaux venant de Boneclaw et se rapprochant à grande vitesse.
La rupture formidable entre ces deux états du temps est toujours surprenante.


Ce son distant fit l'effet d'un coup de tonnerre.
L'adrénaline monta en flèche.
Ses mains se mirent à avoir ce tremblement caractéristique du combattant dans les derniers instants avant le chaos de la bataille.
Les chevaux se rapprochaient.
Deux.
Ce n'était pas prévu comme ça.

Elle dirigea son arme vers eux.
Elle reconnu dans son viseur la silhouette de sa cible.
L'autre était une femme.
Avec cette trajectoire, ils allaient passer à 50 mètres d'elle en biais.

70 mètres.
60 mètres.
50 mètres.

La tête du cheval dans le viseur.
Le doigt qui appuie sur la gâchette.

Détonation.
Le cheval s'écroule, l'homme est à terre.
La femme continue sur 10 mètres.

Leela se lève d'un bond. vise la femme.
Elle n'a pas de collier.
Hésitation.

L'homme a commencé à se relever. sonné.
Il porte la main à sa jambe, cherchant une arme.

La gachette.
Détonation.
La femme prend la balle dans la machoire.
tête pulvérisée, le corps s'écroule sans un cri, le cheval panique et part au galop.

Elle s'approche, visant à présent la jambe de l'homme.

Nouvelle détonation.

Hurlement, l'homme s'écroule.

Elle baisse son arme, se met à courir.
Elle n'entend plus rien, tous les sons sont couverts par les bruits de son gilet tintant contre son arme, des jambes de son pantalon bruissant l'une contre l'autre.
Elle le voit.

elle est à 10 mètres de l'homme.
Il se met à genoux dans un râle.
Elle est sur lui, le frappe au visage avec la crosse de son arme.

Il s'étend sur le dos.
Elle lui met une botte sur sa main cherchant toujours cette arme.
Il hurle.

Ils se voient à présent. ils se regardent dans les yeux.
Elle reconnait son nez énorme, ses cicatrices.

- "Tu sais qui je suis connard ?" Hurla-t-elle, en transe.

Silence.
Elle écrase son poignet avec sa botte.
Il fait un mouvement brusque avec son autre main, lui agrippant une jambe.
Elle lui tire une balle dans le coude de ce bras là, rapide comme l'éclair.
Il hurle.

Elle approche son arme de son cou, de son collier.
Le canon chauffé par le récent coup de feu lui brûle la peau.

- "Qu'est-ce que tu fous, salope ?" fit-il avec une haine exacerbée par la douleur, entre ses dents serrées.

Pour toute réponse il n'eut qu'une nouvelle détonation qui lui perça le tympan de ce côté là.
Son collier sauta, des éclats s'étaient plantés partout sur sa joue et son oreille.

- "TU SAIS QUI JE SUIS ?" Hurla-t-elle encore plus fort, écrasant le canon de son arme sur son front.

A ce moment, il la reconnut. Elle le sentit.
Ses yeux s'élargirent.

- "ça y est ? Tu te souviens ? Si tu n'es pas sûr de toi, je vais te donner un indice."
A ces mots, elle déplaça son arme vers ses couilles.
Elle attendit une seconde, le temps qu'il comprenne ce qui allait suivre.

Détonation.
Le sang éclaboussa les bottes et le pantalon de Leela.
Cette fois le hurlement se prolongea autant que ses énormes poumons le permirent, en proie à une panique incontrôlable et à une douleur qui le submergeait.
Il implorait comme un enfant.
L'angoisse indicible des derniers instants s'emparait de lui.

Un son de véhicule motorisé se fit entendre en provenance du sud.
Leela leva la tête comme un animal traqué.

Elle revint à Murray.
Elle se baissa, mettant son arme de côté.
Prit son visage dans sa main et le força à la regarder dans les yeux.

Il rassembla ses forces pour lui cracher au visage.
Elle n'eut aucune réaction.

- "c'est moi qui t'ai baisé, fils de pute." siffla-t-elle, telle une vipère.

Elle se releva et pointa son arme vers sa tête.
Il se mit à crier de terreur.
Le cri fut interrompu par le coup de feu et le son des os se brisant.

Elle resta deux secondes à le regarder, défiguré, inerte, baignant dans son sang.
Elle s'essuya le visage et cracha sur son cadavre avec un mépris viscéral.


Les deux motos se rapprochant se rappelèrent à elle.
Sous l'impulsion d'une nouvelle poussée d'adrénaline, elle se mit à courir vers l'est.
En courant elle changea le chargeur de son arme et la remit dans son dos.
Elle courrait, poussant sur ses jambes pour aller chercher le meilleur de leur forme.
Elle hurla pour se donner la force de continuer.
Les motards se rapprochaient.
Elle avait l'impression qu'ils avaient changés de cap et venait vers elle.

Elle sauta les deux pieds en avant pour se coucher et se retourner d'un seul geste.
Reprenant son arme dans son dos, elle scruta les environs avec sa lunette.
Ils étaient déjà vers les corps.
L'un d'eux indiquait sa direction, suivant ses traces de pas.
Il ne pouvait pas l'avoir vue mais cela lui fit le même effet.

Elle se releva et recommença à courir vers le repère qu'elle avait prit pour retrouver sa moto : un gros rocher plat.
Quand elle y arriva enfin, les deux motards venaient déjà dans sa direction.
Elle se retourna, reprit son arme. visa la roue avant du premier motard.

Détonation.
Le motard chute.
Le deuxième s'arrête d'un coup, et plonge au sol.

Elle en conclu immédiatement qu'elle a à faire à deux combattants entrainés :
Elle n'a aucune chance.
Elle vise la deuxième moto, c'est un coup difficile elle n'est que très peu en amont, les herbes sèches lui bouche le champs de vision.
Elle ne peut pas risquer de se lever complètement, ils doivent déjà viser tous les deux dans sa direction.

Elle presse la gâchette deux fois au ressenti en direction de la moto, à travers la végétation.
deux détonations, bruits de tôle puis d'un pneu éclatant.

Entendant cela, elle se retourne d'un bond vers l'arrière du rocher et les broussailles recouvrant sa moto. les enlève d'un geste pénible, à deux mains, arme fumante et ballante, en hurlant sous la douleur de l'effort.
L'un d'eux tire à son tour une salve d'arme automatique vers le rocher.
Mais elle est protégée.

Se ruant sur son véhicule, elle démarre aussitôt.
Elle met les gaz à fond et s'enfuit vers l'est.
Aucun son de moteur derrière elle.





Ce n'est qu'après 15 bonnes minutes de fuite que l'adrénaline commença enfin de retomber.

La flamme noire faiblit.
Jusqu'à s'éteindre.

Elle s'arrêta. coupa le contact, et se laissa tomber à plat ventre à côté de son engin, épuisée, vidée.
Elle respirait très fort, la joue posée contre le sable encore tiède du soleil de la journée.
Elle tremblait à nouveau.
Mais ce n'était plus l'adrénaline qui la faisait trembler.

Ces spasmes irréguliers étaient ceux des sanglots d'une femme émergeant d'un cauchemard.
Désespérée, écœurée et déjà accablée par les remords.
Elle tapait du poing dans l'herbe et pleurait de dégout.

Elle le savait,
Elle venait de mettre une autre perle au collier déjà encombré des obsessions qui la hantaient.









Mais elle devait se ressaisir.
Les hommes qui la suivaient, bien que retardés ne tarderaient pas à retrouver sa trace.
Elle savait où aller.
Elle allait frapper à une porte derrière laquelle elle pourrait se reposer sans crainte et essayer de faire cesser ses pulsions vengeresses qui la dévastaient et qui venaient de tuer une femme dont elle n'avait même pas vu le visage.

Elle devait à tous prix trouver ce refuge dont on entendait parler depuis quelques jours.

Car en plus d'une protection contre ses poursuivants, c'était d'elle-même dont elle allait désormais devoir se protéger.
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