"INQUISITION" Souvenirs d'Amal Fazir

Il fut un temps, bien avant la chûte, où je n'étais apparemment qu'un jeune diplomate d'une ambassade étrangère dans la ville de Los Angeles en Californie.
Il fut un temps, où je n'étais, réellement, qu'un jeune officier d'une police secrète infiltrée, qui récoltait des informations.
Il fut un temps, où le mensonge et la séduction me permettaient d'approcher les personnes qui comptaient dans certains milieux, comme cette femme, Maria Gonzales Varga, jeune neuro-biologiste parmis les plus douées.

Et ce qui devait être une simple mission de plus, allait devenir le déclencheur d'un changement radical, et allait faire de moi, .....une autre créature.

Cette femme, Maria Gonzales Varga, avec sa patience, son intelligence, sa douceur, sa féminité, son sourire, son regard si profond, allait pulvériser le mur que j'avais érigé et réduire à néant des années de travail consciencieux. Elle avait réussi à insuffler dans mon coeur, mon esprit, ce poison nauséeux, cette douceur affligeante que d'autres nomment l'amour.

Je ne sus que me révolter !

Ma lucidité devint colère, mon ambition ...cruauté, et de cet amour il ne restait qu'une haine implacable.

Il fut un temps, où un jeune officier du Vatican, devint responsable de la section spéciale "INQUISITION".
Il fut un temps, où l'amour transforma un jeune homme ambitieux en spécialiste froid et cruel, un homme dont la haine résonnait violemment au coeur de la nuit.

.....Jusqu'à ce regard !

Je m'etais assoupi dans mon bureau. Les yeux fermés, j'écoutais le travail se poursuivre dans les profondeurs du bâtiment. Ces cris décharnés traversaient ma conscience comme les éclairs noirs d'un ciel de rage.

.....Elle était là, ...sur moi, ...sa lame posée sur ma gorge, ...et dans ses yeux, ...la haine et la détermination !
.....Ce n'était qu'une enfant, ...treize, quatorze ans, ...le teint mât, les cheveux noirs.
.....Et ce regard si sombre qui me jugeait, ...comme le regard de Maria Gonzales Varga, le jour où le "nerf-de-boeuf" que je tenais, frappait sa chair gonflée, qui éclatait sous les coups !
.....Le regard de Maria Gonzales Varga, qui me jugeait encore, alors que son corps n'était plus qu'une forme sans vie que j'abandonnais sur le sol.

Une lueur, que je croyais perdue, enfouie au plus profond, vibra lentement et s"éveilla, ...comme en réponse à ce jugement terrible. Une douceur infinie m'envahissait, ...une lumière s'élevait et m'éblouissait.

Je m'abandonnais, ...à l'amour, ...à la mort !

...Tout s'arréta !
...La porte se referma ! ...Elle avait disparue !

Le lendemain, on amena mon dernier "patient". Un homme d'une quarantaine d'années, à la carrure puissante. Un homme en colère !
Cet homme était un petit "mafioso" comme il y en avait tant dans ce pays. Il venait de Denver, Colorado. Il était à Las Vegas pour tuer un homme, ...pour venger la mort d'une femme et respecter la promesse qu'une enfant n'avait pas sut tenir, ...cette enfant qu'il avait recueilli et élevé dans l'attente de cette vengeance !

Et à cause de cette enfant, ...à cause de ce regard si noir, ...à cause de cette lumière, ...je me retirai, ...loin, ...très loin, ...pour retrouver cette lueur, ...cette lumière, ...afin de recommencer autre chose, ...afin de recomposer .....un autre homme !


Aujourd'hui, j'ouvre les yeux sur ce monde dévasté, .....et je suis prêt !



AMAL FAZIR, Le Sanctuaire.